Pourquoi éternue-t-on souvent au soleil ?

Un réflexe méconnu lié au nerf optique

Beaucoup de personnes éternuent lorsqu’elles passent soudainement d’un espace sombre à une lumière vive. Ce phénomène, connu sous le nom de réflexe photo-sternutatoire ou « éternuement photique », touche environ 1 personne sur 4. Il n’est ni une allergie ni une pathologie : c’est un réflexe neurologique parfaitement bénin, mais scientifiquement fascinant.

Le réflexe d’éternuement au soleil : un croisement nerveux involontaire

Une interaction entre le nerf optique et le nerf trijumeau

L’explication la plus communément admise repose sur une interaction neuronale entre deux nerfs principaux :

  • Le nerf optique (II), qui transmet les signaux lumineux de la rétine vers le cerveau.
  • Le nerf trijumeau (V), qui innerve le visage, les sinus et les cavités nasales.

Lorsque les yeux sont brutalement exposés à une lumière intense (notamment les UV du soleil), la stimulation du nerf optique peut entraîner par proximité une activation réflexe du nerf trijumeau, en particulier de ses branches nasales. Le cerveau interprète à tort cette stimulation comme une irritation du nez, et déclenche un éternuement.

Ce phénomène est un exemple de réflexe croisé, c’est-à-dire une réponse involontaire d’un système à une stimulation perçue par un autre.

Un phénomène génétique : le syndrome ACHOO

Le réflexe photo-sternutatoire porte également un nom humoristique en anglais : ACHOO syndrome, pour Autosomal Cholinergic Helio-Ophthalmologic Outburst.
Cela signifie qu’il s’agit d’un trait génétique autosomique dominant. Ainsi, un parent porteur du gène a 50 % de chances de le transmettre à son enfant. Il n’est lié ni au sexe ni à l’état de santé général.
Des études ont observé que ce réflexe se manifeste dès l’enfance et reste stable à l’âge adulte. Il est davantage rapporté dans certaines familles, ce qui conforte l’origine héréditaire.

Pourquoi seulement certaines personnes ?

Les personnes sujettes à ce réflexe ont généralement une hypersensibilité au contraste lumineux, c’est-à-dire une réaction exagérée lors du passage d’un environnement sombre à une lumière vive. Ce contraste brutal déclenche une réponse neurologique amplifiée.

Plusieurs facteurs peuvent influencer la fréquence ou l’intensité de ce réflexe :

  • La couleur des yeux : les yeux clairs sont souvent plus sensibles à la lumière.
  • La dilatation pupillaire : plus les pupilles sont ouvertes, plus la lumière entre rapidement dans l’œil.
  • Le type de lumière : la lumière naturelle du soleil, plus riche en UV et en infrarouges, est plus stimulante que la lumière artificielle.
  • La fatigue visuelle ou le stress peuvent également abaisser le seuil de déclenchement du réflexe.

Pourquoi j’éternue 10 fois de suite ?

Certaines personnes ne se contentent pas d’un éternuement isolé, mais enchaînent plusieurs salves successives. Ce phénomène peut s’expliquer par une hypersensibilité du réflexe sternutatoire. Une première stimulation (lumière, poussière, allergène, etc.) active le réflexe, puis les voies nerveuses restent brièvement suractivées, déclenchant une série d’éternuements.

Cette réponse en chaîne peut aussi être renforcée par des facteurs génétiques ou physiologiques, comme un nez très réactif, un environnement sec ou des sinus sensibles. Bien que désagréables, ces éternuements multiples restent bénins et sans gravité.

Ce que dit la recherche scientifique

Des travaux en neurosciences ont utilisé l’IRM fonctionnelle pour observer les régions cérébrales activées lors d’un éternuement photique. Ils montrent une activation simultanée de l’aire visuelle primaire et du tronc cérébral, impliqué dans les réflexes involontaires.

Il ne s’agit donc pas d’un simple « hasard biologique », mais d’un réseau neuronal spécifique, qui réagit de manière excessive à une stimulation lumineuse.

Conseils pour limiter les éternuements au soleil :

  • Portez des lunettes de soleil filtrantes même par temps voilé
  • Adaptez-vous progressivement à la lumière vive (ex : rester quelques secondes à l’ombre en sortant)
  • Évitez de fixer directement le soleil ou une source lumineuse intense
  • En voiture, utilisez des pare-soleils et évitez les reflets directs
  • Humidifiez l’air ambiant si vous êtes dans un environnement sec

À retenir :

  • Éternuer au soleil est un réflexe neurologique bénin appelé réflexe photo-sternutatoire.
  • Il est dû à une interaction entre les nerfs optique et trijumeau.
  • Ce phénomène, fréquent et héréditaire, ne présente aucun danger médical.
  • Il peut toutefois révéler une sensibilité accrue à la lumière, à prendre en compte en ophtalmologie.
  • Lors d’une chirurgie au laser, le confort visuel du patient est central pour garantir un résultat optimal.

Oui, certaines personnes ont un réflexe plus marqué qui provoque une série de 3 à 10 éternuements. Cela n’indique aucun problème de santé.

Non, mais il peut accentuer des symptômes si vous êtes déjà allergique (pollen, pollution, etc.). L’éternuement photique est un réflexe, pas une allergie.

Pas totalement, mais des lunettes de soleil adaptées et des précautions simples peuvent réduire leur fréquence.

Oui, le syndrome ACHOO est un trait génétique transmis de manière autosomique dominante.

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