Monet et la cataracte
La maladie visuelle de Monet est sûrement la plus célèbre.
En effet, Monet était atteint de cataracte. Trouble dont il parlait librement dans ses correspondances.
La cataracte est un trouble visuel qui se caractérise par l’opacification du cristallin, induisant une baisse progressive l’acuité visuelle.
On note par ailleurs que la cataracte a un impact sur la perception des formes et des couleurs. En l’occurrence, les tons froids seraient remplacés par des tons chauds.
C’est en 1911, alors que Monet avait 71 ans, que Monet a appris qu’il était atteint de cataracte. Il s’en est aperçu car son œil droit était devenu pratiquement aveugle. Mais il n’a pas décidé de se faire opérer avant 1923.
Ainsi, de 1911 à 1923, il a continué de peindre uniquement avec son oeil gauche. Puis l’opération lui a permis de recouvrer la vision.
Lorsqu’on observe les peintures de Monet, on reconnaît facilement ces périodes et notamment le « avant vs après » opération. Monet a d’ailleurs voulu peindre les évolutions des ses troubles visuels, qu’il a notamment documentés dans la série « Maison aux roses ».
Entre 1912 et 1923, les formes, contours et la perspective disparaissent peu à peu des peintures de Monet.
Mais Monet explique qu’il a su s’adapter à ses défauts de vision. Il a alors arrêté de peindre des petits formats, et n’a cessé de travailler sur les contrastes lumineux de ses oeuvres. Son objectif était alors de compenser la restriction des couleurs qu’il utilisaient. Il a su utiliser ses troubles visuels pour renouveler son art.
Dans ses dernières oeuvres avant l’opération, tout est devenu plus sombre (cf tableau ci-dessous). Cette phase correspond au recouvrement progressif de l’oeil par le voile sombre de la cataracte.
Van Gogh et la xanthopsie
Plus de cent cinquante psychiatres l’auraient examinés pour lui diagnostiquer parmi tant d’autres les maux suivants : bipolarité, schizophrénie, intoxication à la peinture (qu’il aurait ingéré), épilepsie.
En parallèle de ces maladies, plusieurs médecins lui auraient diagnostiqué la xanthopsie : une maladie oculaire donnant une teinte jaune uniforme à tous les objets.
A noter que ce défaut de vision peut être accentué si l’on boit de l’absinthe et que l’on prend de la santonine. Soit respectivement la boisson préférée de l’artiste, et le médicament qu’il prenait contre ses troubles de digestion.
Ainsi, ce trouble visuel expliquerait l’omniprésence du jaune dans de nombreux tableaux de Van Gogh.
Rembrandt et le strabisme
Le strabisme correspond à une déviation anormale de l’oeil. Il peut être convergent (le plus fréquent) ou divergent.
Dans le cas du strabisme divergent, l’oeil est dévié vers l’extérieur.
Le strabisme a deux impacts majeurs sur la vision :
Premièrement, le défaut de parallélisme lié au strabisme fait que le cerveau recoit 2 images qui ne sont pas superposables. Ainsi, pour corriger le défaut, le cerveau conserve uniquement l’image venant de l’oeil dont l’axe ne subit pas de déviation.
De plus, comme la vision binoculaire est impossible, cela perturbe l’appréciation du relief.
Ainsi, le strabisme divergent de Rembrandt aurait impacté ses oeuvres en déstabilisant notamment leurs volumes et reliefs. Mais cela n’était pas forcément un problème pour l’artiste.
En effet, les peintres sont souvent habitués à peindre d’un oeil, en fermant l’autre. Ceci leur permet de coucher sur la toile un plan de la vie réelle en 3 dimensions. De ce fait, Rembrandt n’avait pas besoin de recourir à ce stratagème puisqu’il voyait de facto les scènes en 2 dimensions.
Et qui sait, ce strabisme divergent est peut être un des éléments déclencheurs de son talent et de son fameux sens de l’observation !
Pissaro et la dacryocystite
Enfin, Pissaro était quant à lui de dacryocystite de l’œil gauche. Ce trouble visuel est lié à une inflammation du sac lacrymal, localisé entre l’angle interne de l’œil et le nez. Il est souvent dû à une obstruction du canal lacrymo-nasal.
La dacryocystite a pour conséquence des douleurs, des larmoiements, ainsi que la formation d’une mucocèle du sac lacrymal : une masse non douloureuse dont la pression fait sortir du mucus.
Pour Pissaro, cette maladie visuelle s’est traduite de plusieurs manières.
Tout d’abord, lors de ses crises, la douleur l’empêchait de peindre.
Par la suite, le traitement administré lui empêchait de s’exposer à la lumière, au vent ainsi qu’à la poussière. Conséquence de quoi, il lui était désormais interdit de peindre à l’extérieur. Difficile pour un peintre dont les sujets préférés étaient les scènes de campagne et les paysages !
Dans un premier temps, il a alors changé sa méthode : en effectuant ses croquis à l’extérieur puis en peignant à l’intérieur.
Mais pas idéal !
Il a alors décidé de quitter la campagne pour rejoindre progressivement puis définitivement Paris. Et c’est à ce moment là qu’il a commencé à peindre la ville, depuis la fenêtre de ses différents appartements.
Pour Pissaro, son défaut visuel lui a donc finalement permis de renouveler son art et de sa manière de peindre. En effet, habitué à peindre des éléments situés à sa hauteur, il s’est mis à peindre de haut, avec des perspectives radicalement différentes. Selon ses correspondances, ce changement l’a passionné !
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L’équipe du Parc Laser Vision